Blog Arolla

Être une femme dans la tech

Ai-je fait le bon choix ?

Tout a un début

Depuis mon enfance, j'étais impressionnée par tout ce qui était automatique, mécanique, électronique. J'ai eu la chance, quand j'étais à l'école primaire, d'assister à des ateliers de menuiserie et électronique. Ces ateliers étaient dispensés par le technicien qui était en charge des réparations à l'école. Je ne sais pas comment ce monsieur a pu nous accepter dans son atelier de réparation au fond de la cour d'école, mais pour des gamins de 10/11 ans, c'était un lieu magique. Des machines dans tous les coins, un concentré de technologie de l'époque. Bref, sortie de l'école, j'étais partie au collège puis au lycée et j'ai gardé cette passion. D'ailleurs, chez mes parents, je prenais pour insulte si jamais on achetait une lampe de chevet ou on demandait un coup de main d'un électricien. J'ai créé toutes les lampes de chevet à la maison. C'était devenu comme un rituel, l'été j'achetais la lampe à filetage, les fils électriques, l'interrupteur, et la fiche. J'achetais uniquement ce qui allait me servir de support, généralement en poterie et en quelques minutes, la lampe était créée. J'avais décidé de suivre par la suite un cursus dans le même sens et mon oncle informaticien m'avait proposé de suivre son chemin. A part lui et l'animateur du club informatique de mon quartier, je ne connaissais personne à l'époque qui faisait de l'informatique dans mon entourage. Mais comme j'aimais bien, j'ai choisi de faire une école d'informatique. Maintenant ça fait 12 ans que je fais du développement et je ne regrette pas du tout.

Affronter les préjugés

Pourquoi je vous raconte tout ça déjà ? Ah oui, parce que jusqu'à aujourd'hui, j’ai vu des retours de certaines femmes se plaindre de réflexions par rapport à leur place dans le monde de l’informatique. Ceux qui me connaissent, m'entendent souvent répéter "si on veut on peut" et d'ailleurs je le dis et je le dirai toujours haut et fort. Écouter les critiques, nous pousse à nous améliorer mais écouter les bêtises non fondées ne fait que nous détruire. Pendant longtemps, j'ai cru que si les femmes ne restaient pas dans la tech c'était forcément à cause d’un choix personnel lié au fait qu'elles ne veulent pas faire d'effort pour rester à la page. Il faut l'admettre, on apprend tous les jours dans la tech, et ça évolue tellement rapidement qu'on n'arrive pas à suivre par moment. Au fil du temps, j'ai commencé à observer les collègues, leurs réflexions et leurs pensées. Après 12 ans d'expérience, je peux vous présenter en vrac ce que j'ai entendu et j'ai vécu :
• "on ne peut pas compter sur une développeuse surtout mariée, il va y avoir les enfants, ils seront prioritaires"
• "tu codes comme un homme"
• "vous êtes des développeurs de bac à sable"
• "le travail n'est pas votre priorité"
• "tu n'auras jamais le salaire que tu demandes, tu oublies"
• Et j'en passe … Le but de mon article n'est pas de vous décourager et de vous inviter à arrêter le développement. Mon but est de présenter les situations auxquelles on peut être confrontée en tant que femme dans la tech et comment parvenir à les surpasser. Je ne veux pas généraliser. Tout le monde n'est pas pareil, d'ailleurs la majorité des développeurs avec qui j'ai travaillé sont hyper gentils, généreux et sans préjugés vis-à-vis des femmes. Par contre, toutes les femmes ne font pas les mêmes rencontres. Il arrive malheureusement de temps en temps de tomber sur une personne (homme ou femme d'ailleurs) qui a établi des préjugés sur une catégorie et ne changera pas d’avis.

Douter, est-on à sa place ?

Cette personne ne sera pas convaincue même si on lui présente le contre-exemple et je l'ai même vécu. Autour d'un café, un jour, un collègue a déclaré que les femmes ne sont pas faites pour l'informatique et n'y comprennent rien. On était deux filles à coté, on s'est regardées et j'ai rebondi directement à sa remarque en insistant sur le fait que ses propos étaient déplacés et que nous étions deux filles développeuses dans l'équipe et n’étions pas les seules développeuses dans le monde non plus. Sa réponse était que nous étions l'exception et qu'à force de côtoyer les hommes développeurs, on avait fini par devenir comme des hommes. J'avoue, je n'y avais pas pensé et je ne savais pas quoi répondre à part que je n'étais pas d'accord avec lui. Et s'il disait vrai ? Est-ce qu'on n'est pas réellement à notre place ? Mais où est notre place ? Physiologiquement, on va avoir des enfants peut-être un jour, qui va s'en occuper ? Et pourquoi, franchement, on se prend la tête tous les jours à essayer de répondre aux besoins des utilisateurs qui en fin de compte ne sont jamais contents… et notre esprit part dans tous les sens et finalement on baisse les bras et on abandonne. J'y ai réfléchi pas mal de fois. D'ailleurs, j'avais même pensé à changer de vie, à me reconvertir. Qu'est-ce que je sais faire comme métier autre que le développement ? J'ai appris à faire de la couture quand j'étais petite aussi, d'ailleurs, je remercie ma maman qui me l'a appris alors qu’elle n'est pas couturière. Ah voilà un métier de femme. Mince, je ne suis pas en train de tomber dans les préjugés. Si, si. Allez, je me ressaisis et au final c'est un combat permanent entre la volonté de faire un métier qu'on aime et la pression de certains non intentionnelle ou par méchanceté. J'entends souvent parler du syndrome de l'imposteur. Ce syndrome qui touche beaucoup de personnes, dans la tech ou pas d'ailleurs, majoritairement les femmes d’après Aurélie Vache qui en parle mieux que moi dans son article. C'est peut-être ce syndrome qui m'a poussée à mentionner l'article d'Aurélie. Je ne me sens pas légitime à présenter ce que c'est. Il y a probablement une part de ça, mais surtout je ne voulais pas trop m'étaler sur la description de ce que c'est et puis l'article d'Aurélie est bien fait. J'en profite d'ailleurs pour la remercier car elle fait beaucoup de choses passionnantes (association, organisation de plusieurs conférences…). En fait, ça arrive à tout le monde de douter de ses capacités. C'est un sentiment naturel à ne pas ignorer sinon on tombe dans l'arrogance. Par contre, on ne doit pas le laisser prendre trop le dessus non plus sinon ça nous empêche d'avancer et de découvrir de nouvelles choses extraordinaires. Comme une recette de cuisine, il faut avoir la bonne dose de chaque ingrédient pour avoir un plat délicieux.

Prendre le dessus, rebondir

Si ce sentiment (douter des capacités) vous fait honte un jour, regardez-le sous un autre angle. S'il est là c'est qu'il y a une raison, définissez ce que c'est. Est-ce une connaissance qui vous manque ? Est-ce que vous vous comparez à des personnes du même niveau ? Parce que, bon, si on a 4 ans d'expérience, on ne s'estime pas à sa place en se comparant à une personne qui en a 10, ce n'est pas fairplay. Je me rappelle de la première fois où j'ai assisté à une conférence, j'avais des étoiles dans les yeux et me disais c'était ce que je voulais faire, être speaker c'est top ! Mais je n'avais pas de sujet pour lequel je me sentais à l'aise de parler. Toutefois, j'étais persuadée que c'était facile d'être speaker. Mais pourquoi donc : je n'arrivais pas à trouver un sujet ! Pourtant je donnais des formations, je coachais des équipes donc de la matière j'en avais. On en revient au syndrome de l'imposteur. En fait, en vrai, je me mettais la barre trop haute. Je voulais un talk qui sortait de l'ordinaire, je voulais faire le show, à l'américaine quoi ! Jusqu'au jour où j'ai décidé d'envoyer à une conférence un CFP (Call For Paper : proposition de sujet), j'en ai parlé à un collègue. Merci encore Cyrille ;). En discutant avec lui, j'ai peaufiné l'idée, j'ai préparé le descriptif et j'ai envoyé le CFP. Pas de chance, je n'ai pas été retenue pour cette conférence. A ce moment je vous laisse imaginer ma déception. La première réflexion que j'ai eue, était que mon sujet est inintéressant. Mais non en fait, c'est peut-être juste un mauvais choix de conférence, il fallait cibler d'autres conférences plus adaptées à mon sujet. Et puis j'ai envoyé à une autre conférence et ça a marché. Si vous êtes curieux de voir ce que ça a donné, voici le lien.

Oser

Tout ça pour dire, osez casser les barrières, osez rêver, soyez la patronne de votre destin. Écoutez les critiques pour vous corriger et avancez. On ne nait jamais experte, on décide de l’être et le devenir. Donc n'ayez pas peur d'apprendre et de tester de nouvelles choses. Allez voir les communautés ça peut vous réconforter sur le fait que vous n'êtes pas seule. Ça peut vous stimuler pour avoir de nouvelles idées et faire mieux. Finalement être une femme ne change rien. 😉 Ps : En parlant d'oser, n'oubliez pas d'oser franchir le pas pour le dépistage du cancer du sein en cet octobre rose 😉
A bientôt.
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